Hatha Yoga : pourquoi et comment pratiquer les asanas?

Dans le sens traditionnel du terme asana signifie position du corps stable. L’asana doit être stable pour que la conscience du soi ou l’énergie cosmique s’installe dans son réceptacle et s’y établir.  C’est uniquement dans cette condition d’immobilité et de stabilité physique et mentale que le corps peut recevoir les plus hauts niveaux de conscience-énergie.
À l’époque traditionnelle des grands yogis, la transmission du Yoga se faisait de guru à disciple et il était enseigné comme une science. Il n’était pas uniquement enseigné pour apprendre de belles postures comme cela se passe à l’heure actuelle, même si cela fait partie de l’enseignement du Yoga, cela n’est pas le Yoga. En effet, le Yoga commence à la fin du cours lorsque l’état d’équilibre des forces opposées qui nous gouvernent, est parfait.À l’époque de l’enseignement traditionnel du yoga, seule une posture était enseignée, la posture assise pour méditer, il n’y en avait point d’autre, ce n’est que bien plus tard que les asanas sont apparus. Le yoga commence au moment où la conscience individuelle fusionne avec la conscience cosmique. Pour les yogis c’est cela l’expérience du yoga, c’est donc par la méditation que l’expérience du silence se produit révélant ainsi la qualité du soi qui aboutit à la connaissance du soi cosmique. Donc ce n’est que plus tard que les postures ont été enseignées. Le premier adepte historiquement connu, des “yogasanas” est le grand HATHA-Yogi Goraknath. Les yogis de l’époque demeuraient à l’écart de la société et vivaient reclus dans l’austérité, dans les  montagnes ou dans les forêts. Ils menaient une vie simple en puisant dans la nature de quoi se substanter.
Ils prenaient leur enseignement des animaux comme un art de vivre à l’instar de la nature. Les animaux en liberté se soignent tout seul et leur unique guérisseur est mère nature. Les yogis observaient méticuleusement les animaux, ils s’en inspirait et imitaient leurs attitudes, c’est ainsi certainement que la branche des asanas s’est développée. On comprend pourquoi les multiples asanas portent le nom d’un animal ou d’un végétal et sont un moyen de guérison si naturel et efficace.
La pratique des asanas en première intention dans une sadhana nous permet de placer notre attention sur nos différentes sensations. Cette expérience amène naturellement vers ce retrait des sens qui implique naturellement un placé qui permet ensuite de mieux observer le processus du mental et de le maîtriser. Lorsque le processus des pensées ralentie voir s’arrête cela produit une grande détente au niveau mental et procure du confort physiquement. Les tensions s’apaisent au fur et à mesure, nous commençons à goûter et savourer la posture puis à nous intérioriser, à cet instant nous faisons l’expérience du silence et la posture devient un Mudra.
Il y aurait originellement huit millions quatre cent mille asanas en relations avec les huit millions quatre cent mille formes d’NRJ ou de conscience sur la terre qui vont du stade minéral, végétal, animal, jusqu’à la conscience humaine. L’âme s’incarne dans ces différentes formes de vie et d’intelligence de la nature, comme un cursus d’expérimentation de ces différent niveau d’NRJ qui lui permet de se  libérer des cycles de la naissance et de la mort. Cette libération est le but ultime des yogis et est nommée en Yoga, “moksha”. Ces asanas représentent donc en quelque sorte l’évolution progressive qui va de la forme d’ NRJ la plus dense à la plus subtile pour amener l’être humain à la plus haute réalisation

En pratiquant tous ces asanas, une personne en y consacrant tout son temps et sa vie entière pourrait transcender touS ces différents types de conscience en une seule et éviter ainsi le rouage de la transmigration de l’âme! Cela est inconcevable même impossible dans nos sociétés modernes où le temps nous est compté! Aussi, au cours des siècles, ces asanas on subit des modifications et leur nombre a été réduit. Actuellement nous connaissons une centaine d’asanas et quatre vingt quatre sont étudiées, une trentaine environ sont considérées essentielles pour l’homme moderne.
Toutes les postures ne sont pas conçues pour l’assise et la méditation. Celles-ci sont des asanas thérapeutiques, comme par exemple les postures inversés, considérées comme les postures reines du Yoga: shirshasana, halasana sharvangasana, vipareeta karani. Elles ont un impact puissant sur les systèmes endocriniens et décuplent l’énergie… Ces postures permettent à l’élève de progresser dans la méditation, car pratiquées régulièrement elles préviennent et éliminent les maladies physiques et mentales. Elles réduisent les troubles émotionnelles et procurent l’harmonie sur l’ensemble du système psychophysique. Elles permettent d’obtenir le calme et la sérénité qui favorisent la méditation en réduisant un bon nombre de facteurs qui la gênent.
La pratique des postures débloque les tensions et libère l’énergie dans les parties du corps où elle ne circule plus. Elle génère une grande vitalité sur le plan physique et mental.
En hatha Yoga traditionnellement la pratique des asanas était précédée des shatkarmas (techniques de purification) dans le but de purifier et de préparer le corps et le mental et ensuite les exercices de pranayama. Le pranayama libère une telle charge énergétique que sans préparer correctement le corps par les asanas, le pranayama et l’ayurveda, le système nerveux pourrait flancher. Si cette énergie est dirigée par un mental agité, un ego débordant, ou dans un corps plein d’ama (toxines) ou de maladies, les effets peuvent se révéler désastreux pour le pratiquant. Toutes fois si la purification du mental et l’hygiène physique et psychique sont là, la pratique des asanas va accélérer le processus thérapeutique propre à l’asana. Les asanas ne sont pas des petites techniques du Yoga, elles sont essentielles pour les occidentaux qui sont pour la majeure partie sédentaires et qui de facto n’ont pas une grande conscience du corps. C’est une voie incontournable pour l’équilibre des fonctions physiologiques et la force qu’elle génère. Les asanas préparent le corps et le mental pour les étapes du pranayama et de la méditation…
Le Raja Yoga de Patanjali mentionne le Hatha Yoga comme un des membres du Yoga et même si un seul petit sutra est consacré aux asanas, il préconise la pratique des postures pour une meilleur stabilité du corps et du mental notamment dans les postures assises de méditation où cette stabilité et ce confort sont de prime importance pour accéder aux états de conscience modifié. Si le mental est agité la méditation ne peut pas se réaliser, de même que si le corps souffre d’une gêne…En vue du rapport étroit entre le corps et le mental, il est conseillé pour la méditation de pratiquer aussi en préparation le pranayama car le souffle est le lien entre le corps et l’esprit de plus il est générateur d’énergie et donc d’expansion de conscience.  Il permet aussi d’accéder à l’expérience du silence la vrai nature du soi. Cependant ce n’est pas un incontournable, car chez certain pour méditer il suffit juste d’être stable physiquement sinon le mental sera occupé uniquement par les tensions physiques.
Finalement l’énergie et la purification sont indispensables pour atteindre les états de consciences modifiés et le Samadhi. La combinaison du Yoga et de l’ayurveda qui sont 2 sciences sœurs offre des outils et des thérapies permettant de faire cette expérience de la méditation profonde et qui nous donnent accès à cette voie de réalisation du soi.

Anne-France Saunier (tous droits réservés)

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